Une rencontre en Norvège. - Lycée Blaise Pascal Rouen

Une rencontre en Norvège.

, par A. Pouliquen

Une rencontre Comenius est une aventure qui se prépare bien avant le départ. Ce trimestre, nous nous sommes concentrés sur la rencontre avec nos partenaires à Hønefoss en Norvège. Pour ce voyage, il nous faut former une équipe d’élève capable de représenter notre lycée. La sélection est difficile, car les compétences dont ils devront faire preuve sont nombreuses :
• Être autonome, car ils devront organiser eux-mêmes un grand nombre d’activités, de sorties, de balades.
• Faire preuve de curiosité pour saisir les opportunités qui se présentent : voir une éclipse, voir une aurore boréale...
• Former un groupe solidaire pour gérer toutes les difficultés qui peuvent arriver lors d’un tel voyage sans avoir besoin des professeurs.
• Suivre des cours dans une langue étrangère.
• S’adapter à un mode de vie différent.
• Communiquer et créer des liens avec des correspondants étrangers et avec la famille hôte.
• Débattre pour comparer les systèmes d’éducations français et norvégien qui sont incroyablement différents.
• Travailler en groupe et en anglais avec des élèves de nationalités différentes.
• Produire un document multimédia de bonne qualité et contenant des images, des sons, des vidéos pour raconter une histoire et/ou présenter un thème ; cela avec leur propre matériel et sans aucune aide !
• Essayer de comprendre des artistes norvégiens de Vigeland à Ibsen.
• Faire face à une sélection importante. Seule une petite équipe de 15 élèves peut partir .
• Prendre du plaisir, tout en améliorant toutes ces capacités.
C’est plus une épreuve, qu’une partie de plaisir. Notre seule chance, il faut nous préparer.

Phase 1 : La période d’essai.

Les élèves qui pensent avoir la carrure se portent volontaires. Trente-cinq élèves sont partant pour quinze places. Pour les départager, il nous faut leur donner une occasion de montrer et de développer leurs compétences. Le rectorat vient à notre aide de façon inespérée. Ils organisent un concours de photos, le concours "clic durable". Les élèves doivent produire en groupe des photos et des textes en français ou en anglais. Le thème est presque impossible : il faut associer le développement durable et la lumière au sein d’une même photo et y associer un texte d’une petite dizaine de lignes. Les compétences pour réussir ce concours sont très proches de celles que nous recherchons pour notre équipe. Nous décidons donc de participer. Nous sommes rejoints par quelques collègues de seconde GT2 intéressés par l’idée. Nous inscrivons le Lycée au concours et c’est parti !
La seconde GT2 se lance en premier. Les photos sont de très bonne qualité et sont produites rapidement. Les élèves apprécient que des professeurs de plusieurs matières participent. Cela avance vite. Pour les autres classes, c’est plus laborieux. En 2GT3, certains élèves accrochent moins au thème qu’ils n’arrivent pas à s’approprier. Ils sont déstabilisés par le fait de travailler en DNL sur un thème qui pour eux est très peu scientifique. Je ne leur dis pas, mais je partage avec eux la même sensation. En première, les élèves sont dans leur TPE et préféreraient aussi une tâche plus scientifique. Il leur faudra bien produire des photos de qualité en Norvège, je maintiens donc la tâche pour estimer leurs capacités à réaliser une "photo story" mais je leur permets d’y associer une tâche libre de leur choix.
Après un mois de travail, le concours "clic durable" est un succès. Nous avons assez de photos pour les envoyer au rectorat. https://www.haikudeck.com/p/W17fHNoe4z/clic-durable
Au passage, on a collecté de nombreuses informations sur les compétences des élèves :
 à travailler en groupe en langue anglaise pour préparer la photo,
 sur leur autonomie, pour se réunir en dehors des heures de cours et aller ensemble prendre la photo,
 sur leur capacité à écrire un texte pour mettre en avant leur photo.
Le choix des élèves est maintenant évident, l’évaluation des compétences des élèves nous donne les quinze noms. Nous avons notre équipe ! Il y aura des déçus, car il y a peu de places, mais les élèves choisis ont gagné leur place en montrant des attitudes et des savoirs faire de premier ordre.

Phase 2 : Le voyage

Le premier jour nous participons à des cours avec les élèves. Le système norvégien est très différent du nôtre. Ils ont tous leur ordinateur portable et leur mobile avec eux. Ils les utilisent presque dans tous les cours, et pas uniquement pour travailler. Le travail se fait en groupes et de façon différentiée, on assiste à très peu de cours classiques. Les élèves travaillent, mais le professeur apporte très peu de nouvelles informations. C’est troublant, les élèves ont l’impression qu’ils ne travaillent pas vraiment. Pourtant, ils réussissent aussi bien que les Français au concours pisa. Après 50 minutes de débat, la discussion est loin d’être terminée. Nous finirons en France avec tous les élèves. Après avoir regardé les vidéos réalisées par les Norvégiens sur leurs voyages en France et en Italie, il est déjà deux heures, et les cours sont finis. Les élèves suivent leurs correspondants et participent avec eux aux activités sportives ou culturelles de l’après-midi.

La seconde journée est la plus difficile. Ils se répartissent en groupes. Un seul Français par groupe et un ou deux Italiens et Norvégiens. Il est temps de s’attaquer à la réalisation de la "photo story". Les élèves choisissent un thème pour leur production et partent deux heures et demie en groupe pour réaliser les photos et les vidéos. L’après-midi, ils font le montage de leurs films qui doivent durer de 3 à 5 minutes. Les professeurs travaillent sur le projet et n’interviennent pas du tout, ni pour contrôler le travail, ni pour aider. Les élèves sont seuls et cela marche, ils travaillent et sont efficaces. Pour les récompenser, le soir nous mangeons tous ensemble dans une pizzéria. Les élèves apprennent à se connaître et parlent maintenant tous les uns avec les autres. L’ambiance est très bonne. La soirée nous donnera aussi l’occasion d’assister à une aurore boréale. Un phénomène d’une ampleur exceptionnelle l’a rendue visible jusqu’au nord de la France. Ce soir-là, il fallait avoir la tête dans les étoiles.

Le jour suivant, nous visitons Oslo et ses environs. Les visites sont riches et variées , le Frognerpark avec les statues de Vigeland, l’opéra, le théâtre d’Ibsen, le parlement, le palais royal, le bâtiment où l’on remet le prix Nobel de la paix, les installations des jeux olympiques d’hiver et son incroyable piste de saut à ski. Nous revenons aussi sur le massacre du 22 juillet 2011 en Norvège lors de notre passage près de l’ile d’ Utøya.

Le dernier jour sera aussi très riche en émotions. Nous commençons par regarder toutes les photos stories. Les productions sont de très bonne qualité, mais une est hors norme. Le groupe de Justine, qui travaillait sur le thème de la nature, a su être différent. Ils ont raconté une histoire simple, mais une association très juste et très créative des photos, des textes et des musiques leur a permis de transmettre une réelle émotion. Tous les jurés sont unanimes. Ils ont gagné ! Il est temps de sortir voir l’éclipse, le soleil a presque entièrement disparu. Grâce à la couverture nuageuse, il est possible de photographier un tout petit croissant de soleil. Après le repas, il est temps de partir, les élèves s’embrassent, pleurent, s’embrassent à nouveau, pleurent... Beaucoup d’émotion entoure notre départ vers l’aéroport. Les élèves se souviendront longtemps de cette expérience unique. Nous aussi, nous savions que nous avions choisi une bonne équipe, mais lors de ce voyage, les élèves ont dépassé nos espérances. Ils ont su profiter au maximum de cette opportunité qui leur a été offerte.

Bravo à tous !

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